La question des migrations est l'un des grands enjeux du XXIe siècle malgré cela sa légitimité est fragile, voire contestée à cause, entre autres, d’absences de politiques migratoires et de voyages irréguliers de nombreuses populations au sein de leur continent et au-delà. Face à ce situation, les décisions politiques en rapport avec les migrations sont souvent en décalage par rapport à la réalité des déplacements des populations. Les nouveaux enjeux, tels que le changement climatique, l'urbanisation, etc. ne cessent de tracer les grandes tendances des migrations futures. Un bras de fer est souvent engagé entre les pays de départ et les pays d'installation, peu désireux de sacrifier une part de leur souveraineté dans ce domaine emblématique du contrôle des frontières, au prix de milliers de morts et de violations quotidiennes des droits de l'homme.
C'est autour de ces paradoxes que se déclinent les migrations, dans leur diversité et leur complexité. Le Sénégal n’échappe pas à ces paradoxes car il est confronté à de nombreux défis liés aux migrations vers et à partir du pays. Au Sénégal, plusieurs structures administratives interviennent dans la gestion des migrations avec souvent des problèmes de cohérence au niveau de l'intervention de l'État à travers ses différents ministères et services techniques en charge des questions de migration ainsi que la difficulté de mise en place d’une politique migratoire nationale fortement influencée par les partenaires bi et multilatéraux.
La multiplication des interventions de l'État n'est pas le plus souvent encadrée par l'existence d'un cadre de concertation national fonctionnel et reconnu comme tel, favorisant la cohérence et la synergie des actions. Le plus souvent, il n’y a pas de processus de coordination politique en matière de décisions prises sur les questions des migrations au niveau national même s’il faut souligner que la Direction générale d'Appui aux Sénégalais de l'Extérieur du Ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères a entamé un processus de mise en place de cadres de concertation et de dialogue en matière de migration.
D’autres initiatives ont été engagées au Sénégal au cours des dernières années. Plus récemment, la mise en place du Comité interministériel de lutte contre l'émigration clandestine, logé au Ministère de l'Intérieur, participe à la mise en place d'un cadre de coordination gouvernementale, mais uniquement en matière de lutte contre la migration irrégulière.
Des cadres institutionnels sont mis en place dans le but d'accompagner les dynamiques d'orientation des investissements des immigrés et, plus largement, de mettre en place une politique nationale en matière de migration.
Au Sénégal, l'architecture institutionnelle de prise en charge des questions migratoires révèle une multiplicité d'acteurs, sans pour autant qu'il y ait une cohérence entre les actions développées. Il est à noter que souvent, la rhétorique et le récit politique sapent le processus d'élaboration des politiques. Les décisions politiques prises semblent parfois être perçues comme des menaces pour la souveraineté nationale et laissent entrevoir un « manque de contrôle ».
Malgré ces initiatives, les migrations irrégulières ont pris de l’importance, même s’il est pratiquement impossible de fournir des chiffres exacts sur leur ampleur. Les données sur les migrations irrégulières sont à la fois parcellaires et fournies de manière discontinue. Cette forme de migration constitue une préoccupation majeure, d’abord à cause des drames qu’elle occasionne tout au long des périples et routes migratoires dangereux, mais aussi en raison de la problématique de l’insertion des jeunes Sénégalais dans le marché du travail national.
Le laboratoire GERM de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, dans le cadre de ses activités scientifiques organise une rencontre de haut niveau dans un contexte où le nouveau gouvernement sénégalais veut placer la souveraineté au cœur des engagements politiques de l’État. Cette rencontre porte sur la « gouvernance des migrations sénégalaises sous le prisme d’une politique de souveraineté » et la démarche dans laquelle elle s’inscrit est interdisciplinaire. Les propositions doivent répondre à l’une ou l’autre de ces questions fondamentales : Quelle lecture des approches gouvernementales actuelles de la gestion des migrations ? Quelle réponse formuler pour engager un dialogue avec les partenaires ? Quel récit commun autour de la migration dans un contexte de politique de souveraineté ? La souveraineté traduit-elle la capacité du Sénégal à privilégier sa volonté suprême dans les décisions prises ? La souveraineté laisse-t-elle penser que les engagements politiques de l’État du Sénégal ne seront soumis à aucun contrôle, à aucune pression et à aucun autre organe étranger ?
Produire des recommandations probantes permettant de mieux comprendre le besoin et l’urgence d’élaborer des politiques migratoires souveraines au Sénégal.
OS1 : Harmoniser les législations au niveau national et international ainsi que les structures locales qui sont chargées de les mettre en œuvre en vue de permettre aux travailleurs migrants de se défendre en cas de violations de leurs droits dans les pays d’accueil.
OS2 : Ouvrir des concertations entre le Sénégal et les pays de transit ou de destination autour des questions de protection des travailleurs migrants et inscrire ces problématiques à l’ordre du jour des rencontres multilatérales en vue de développer une dynamique des droits humains dans le cadre de la migration de travail.
OS3 : Développer des cadres d’échanges pour d’une part promouvoir le dialogue et la valorisation de migrations circulaires et d’autre part combattre les migrations irrégulières ainsi que le trafic illicite de migrants et la traite des personnes.
OS4 : Élaborer des politiques migratoires dans un contexte marqué par des pénuries croissantes de travailleurs qualifiés.
Cette rencontre de haut niveau mettra en relief le fait que la plupart des décisions et programmes politiques sur les migrations au Sénégal semblent évoluer de manière progressive et fragmentée. Elle va également rappeler que de nombreux décideurs politiques apportent souvent des réponses pour le court terme en fonction des besoins sans réellement se pencher sur des initiatives qui reflètent les réalités endogènes en termes de politiques migratoires. Face à cette situation des politiques sont souvent ajustées et développées au fil des circonstances et de façon approximative. Pire, certaines politiques ne sont parfois pas soutenues comme elles le devraient, et se révèlent opaques pour les utilisateurs, voire contradictoires.
La méthodologie qui va inspirer les participant.es de la rencontre de haut niveau est de fournir des analyses qui répondent fondamentalement aux questions suivantes : Pourquoi encourager la souveraineté dans l’élaboration des politiques migratoires ? Quelles sont les instances étatiques à renforcer pour une souveraineté des politiques migratoires ? Comment rendre souveraines les décisions politiques en termes de migrations ?
Les interventions porteront sur des thématiques en lien avec l'actualité des migrations à partir et vers le Sénégal : migrations de travail, migrations et droits humains, migrations et gestion opérationnelle des frontières, migrations irrégulières (trafic illicite de migrants et traite des personnes), gestion des données migratoires, mobilités, libre circulation régionale et sous-régionale des personnes et défis de l'intégration, etc.
Les personnes intéressées sont invitées à accompagner leur proposition des informations suivantes : Nom et prénom, situation actuelle, structure de rattachement et adresse email.
Elles devront être adressées à cette adresse Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. avant le 2 novembre 2024
GERM – Université Gaston Berger de Saint-Louis. Sénégal
website: www.germ.sn – X : @GERMSENEGAL - Tel. +221 76 720 43 43